Les Hauts de PerMého’Meon
- l'heure du retour -
Peinture numérique pour le concours "Paysage de rêve" (Advanced Creation - 2011).
3e prix
sur 67 participations et 15 primés
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Réalisée exclusivement à la tablette graphique dans Photoshop avec une dizaine de brosses de ma composition et sans aucune photo.
Ce thème, proposé juste avant l'été, avait tout pour me plaire et comme le boulot se distinguait brillamment par son absence, je me suis lancé dans ce nouveau défi graphique.
Je me suis tout de suite orienté vers une interprétation onirique de l'expression, le côté "plage paradisiaque" ne me parlant pas plus que ça
Les idées ne manquaient pas dans mes crabouilands et j'ai finalement opté pour le n° 9-3, dessiné un mois plus tôt.
J'aimais particulièrement ce mélange de la forme organique et de la matière minérale. L'entrée de la caverne en forme de gueule me plaisait bien aussi et me permettait de développer un thème qui m'est cher : les apparences trompeuses.
Le format "paysage" s'imposait pour un tel concours, mais j'ai voulu l'élargir jusqu'au panorama. Une résolution de 300 ppp s'imposait également pour pouvoir, au besoin, imprimer cette image sur presse offset.
Résultat : une image de format 74 x 32 cm pesant au départ 94 Mo et 860 Mo à l'arrivée (avec les calques) ! (inflation numérique ;).
J'ai commencé par photographier mon dessin de départ (6 x 4 cm - stylo-bille), l'importer dans Photoshop, l'agrandir, modifier légèrement les tracés et dessiner les parties manquantes.
J'ai ensuite esquissé les grandes masses par des aplats à la brosse large. Je me suis tout de suite dirigé vers une ambiance vespérale avec des couleurs douces et chaudes.
Une fois la composition mise en place, j'ai commencé à dessiner les grands éléments avec un peu plus de précision et je les ai répartis sur des calques.
Je me suis, ensuite, attaqué au dessin quasi définitif du fond.
Sur mon dessin d'origine, la caverne était sombre, mais j'y voulais de la lumière pour garder le côté onirique. Fantastique, étrange, mais pas effrayant.
Le vert m’a paru intéressant par sa luminosité et par son opposition chromatique au rouge. Le rouge paraissant logique pour une illustration de style "dragon", son opposé me convenait donc tout à fait !
Le problème, c'est qu'avec ce vert associé au jaune et à l'orange du paysage, l'ensemble devenait trop acide et un peu glauque.
La solution n'a pas été simple à trouver. J'ai ajouté du violet dans la falaise lointaine (complémentaire du jaune en peinture) mais ce n'était pas suffisant pour dissiper le malaise. J'ai donc essayé de changer la couleur de la lumière de la grotte mais le vert restait le plus intéressant. Changer la couleur du paysage ne convenait pas non plus.
J'ai fait des essais (intéressants) en passant toute l'image en nuances de bleu et en gardant juste la gueule verte. C'était esthétiquement jouable, mais trop froid pour être associé au rêve (agréable) et un peu trop osé pour un concours ;)
Après avoir laissé reposer l'étude quelques jours, la solution est venue avec la lumière rouge que j'ai ajoutée à droite.
Bingo ! Jaune-violet + vert-rouge, ces deux couples complémentaires bien répartis sur la roue chromatique ont donné à mon illustration l'équilibre et la vibration qui lui manquait !
Au début, j'avais peur que cette nouvelle lumière rouge n'attire trop l'attention loin du sujet. Il s'avère qu'elle le fait effectivement, mais d'une manière non excessive et, du coup, ajoute du mystère à l'image. On se demande quelle peut être la source de cette lumière très chaude (volcan assoupi, feu de camp ?). Finalement, elle aide à "peupler" l'image. En plus, ces trois sources de lumières ont été une aubaine pour la réalisation du modelé des rochers. :)
J'ai volontairement choisi de ne pas créer de la profondeur de champ en floutant les plans lointains, ce qui aurait eu pour effet de rapprocher l'image d'un rendu trop photographique ! Je me suis juste servi de la perspective atmosphérique pour faire ressortir le premier plan. J'ai aussi un peu moins détaillé le paysage lointain et les falaises à l'arrière. Le résultat reste quand même plus plat que dans la nature, mais ça renforce le côté résolument illustratif et irréel.
Différentes étapes jusqu'à l'image finale :
Après avoir dessiné le personnage féminin, l'histoire s'est enclenchée d'elle-même. J'ai tout de suite ajouté l'enfant en pyjama (qui rêve) puis, bien plus tard (d'abord pour remplir le vide de la terrasse ;) le canal et la barque qui, on peut le supposer, a transporté l'enfant au pays des rêves.
Au départ, l'enfant tendait la main vers la femme. On pouvait donc légitiment garder un soupçon sur la nature, bienveillante ou pas, de ce personnage. Par le sous-titre et une nouvelle position des personnages et des mains, je rassure le spectateur. L'enfant doit rentrer car la nuit du monde réel va bientôt s'achever. Il salue amicalement la femme qui lui rend ce salut amical. Il n'y avait aucun piège dans cette caverne et il est à parier que l'enfant reviendra ! :)
Le choix des papillons a, encore une fois, été motivé par mon goût pour les contre-pieds. Au départ, je voulais mettre un oiseau à gauche du dessin, dans l'axe du regard du reptile de pierre, mais, même en créant une nouvelle espèce, un oiseau dans le ciel, ça faisait beaucoup trop "classique". Les papillons au contraire sont beaucoup plus inattendus (surtout à gauche), donc intéressants. Jamais on ne trouve un papillon à cette altitude voltigeant au-dessus d'une plaine immense ! Leur présence à gauche s'explique par et appelle obligatoirement la partie droite. En plus, l'opposition entre la légèreté fragile des papillons et la lourde solidité de la roche me semble intéressante.
Les yeux !
J'aurais pu faire des yeux en pierre beige, sculptés (façonnés ou pétrifié) comme le reste de la bête. Ou, tout au moins, des yeux plus "gemmes" en gardant un aspect très
minéral. Mais ce rendu à la frontière entre un œil véritable et une inclusion de quartz, d'émeraude et d'obsidienne entretient
idéalement le doute sur la véritable nature de l'animal. Après tout, il est peut-être quand même vivant !???
Les pins, tordus par le vent, étaient déjà présents dans mon dessin originel. Je les sentais nécessaires pour contrebalancer ce monde des hauteurs presque exclusivement minéral. Je me suis demandé à un moment si je ne devais pas ajouter d'autres plantes (herbes, mousses, arbustes et fleurs pour expliquer les papillons). Mais l'image y aurait perdu en force.
En laissant à ce paysage un aspect plutôt austère, je m'éloigne encore plus du sens "paradisiaque" du thème et je renforce l'envie de rentrer dans la caverne qui laisse imaginer un autre monde, plus agréable, beau et luxuriant.
Mais alors, me direz-vous, que viennent faire de si beaux papillons aussi loin des fleurs ? Un élément de réponse possible se trouve une fois encore dans la caverne où les fameux papillons semblent provenir du dessin même de la robe du personnage féminin.
Les 10 derniers jours de la réalisation de cette illustration (à mon retour de vacances et juste avant la date limitent pour envoyer sa contribution au concours) ont été consacrés au long travail de dessin des détails et en particulier des rochers. Le problème dans ce genre de dessin, c'est de décider de s'arrêter car le travail peut être…
Heureusement, la date limite du concours est une bonne occasion pour décider que l'image est terminée
Je trouve d'ailleurs que l'ensemble se tient et que les zones moins dessinées ont toute leur place.
Maintenant que cette image a été primée, je vais la laisser reposer quelques mois avant de reprendre quelques défauts (j'en ai déjà repéré quelques-uns). Après cette étape ultime, mon illustration pourra être imprimée.
La version bleu-nuit
Un peu de composition
Les brosses utilisées
Voici les principales brosses de ma fabrication que j'ai utilisées pour cette illustration. En général, j'intègre toujours dans mes brosses au moins un paramètre aléatoir (taille, angle, arrondi, transparence) et j'utilise le plus possible la pression du stylet de ma tablette graphique. Ces deux éléments : le hasard et la pression me permettent d'être plus proche des outils traditionnels (crayon ou pinceau). Jusqu'à présent, je n'utilise pas les nouveaux pinceaux proposés par Photoshop CS5. Par manque de temps pour étudier en détail leur fonctionnement et aussi par habitude de mes brosses.
Tous les calques de l'image
Pour ceux que ça intéresserait (On ne sait jamais, ça existe peut-être... )
Pour terminer, je ne peux résister à ma facétieuse manie de cacher (telles des matriochkas) des "jeux dans le concours" !
Premier jeu
Le nom du lieu (PerMého’Meon) est une double anagramme faisant référence au sens onirique du mot "rêve" sur lequel j'ai construit mon illustration.
(Quelques indices en bas de cette page)
Deuxième jeu
Deux animaux, autres que les papillons, se sont glissés dans mon illustration. Il s'agit, bien sûr, de les retrouver !
Indices pour les anagrammes :
- polymorphe est mon premier mais ses bras sont toujours là ;
- pas grand du tout
est mon second.
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Maintenant, si vos neurones font vraiment grève et que vous décidiez finalement de donner votre langue au dragon ou si vous voulez la confirmation de ce que vous avez trouvé, voici la page des solutions expliquées.
Pour me laisser un commentaire ou poser des questions, c'est par là !