Participation au concours les 20 ans de Photoshop
- Printemps 2010 -
Illustrations arrivées premières de leur catégories respectives par "vote du public"
Non primées
Ayant appris l'existence de ce concours assez tard et ayant peu de temps libre, il m'a fallu travailler assez vite (moins d'une semaine pour mes 3
illustrations).
Des trois, l'ours de Jouvence a été la plus longue à réaliser.
3e thème choisi :
2002
"Une grande partie de la population rajeunit soudain,
sous l’action d’un certain correcteur"
Étape 1 - L'idée
Trouver une idée originale, intéressante graphiquement, relativement facile à réaliser, qui colle bien au texte à illustrer et qui puisse avoir plusieurs niveaux de lecture. Pas évident !
En voyant quelques images déjà envoyées, je me suis dit qu'il serait intéressant de traiter du sujet de façon "standard" genre récupération d'une photo abîmée ou effacement des rides, mais avec
un léger détournement parodique et poétique.
Je voulais garder un lien direct avec ce fameux outil correcteur de Photoshop : outil duplicateur apparu en 2002 qui permet de copier une partie d'une image avec sa texture pour la "peindre"
ailleurs en tenant compte de la luminosité de la zone de destination.
C'est comme ça que m'est venue l'idée de cet ours de Jouvence qui retrouverait, grâce à cet outil, tout le lustre de sa jeunesse.
Ça, c'était pour le premier niveau de lecture (une sorte de "premier degré" détourné). Pour le second niveau de lecture, je trouvais intéressante l'idée que, vouloir retrouver l'ours neuf de
son enfance, c'était soi-même rajeunir par la pensée, par le souvenir. Donc, une partie de la population rajeunie bien (photographiquement) sous l'action du fameux correcteur et une autre
(psychologiquement) par l'utilisation du même correcteur sur les images du passé.
Un faux "premier degré" et deux histoires parallèles qui collent au texte... c'était bon !
Étape 2 - Les tests
J'ai commencé par faire quelques tests pour le rendu et fabriquer des formes de pinceau personnalisées pour gagner du temps.
J'ai testé d'abord le rendu des yeux car c'est surtout le regard qui donne la personnalité d'un sujet.
Il se trouve que peu de temps auparavant, j'avais déjà fait des tests pour le dessin d'un ours en peluche pour un projet d'affiche.
Étape 3 - L'iconographie
La recherche des éléments visuels est la base du travail d'illustrateur. Cette recherche autrefois fastidieuse se fait maintenant très facilement grâce à internet. Les images récupérées n'ont
pas besoin d'être libres de droit car elles servent uniquement de modèle et ne sont jamais reproduites à l'identique. Il m'arrive d'ailleurs souvent de piocher des éléments dans plusieurs
images ou d'en tirer mes propres modèles.
Étape 4 - La composition
Mise en place des principaux éléments dans le format imposé.
Il s'agissait ici d'un format paysage de 1200 pixels de large par 800 pixels de haut. Pour travailler avec plus de précision et en prévision d'une impression éventuelle, j'ai agrandi ce format
de façon homothétique à 30 x 20 cm (300 ppp). J'ai choisi le mode RVB, plus flatteur pour les couleurs et adapté au site web du concours.
Au départ, j'avais imaginé placer deux fois l'ours (vieux et jeune) en volume et dans la même position, le second (neuf) étant entouré des outils Photoshop réinterprétés et semblant agir
d’eux-mêmes.
Je ne voulais pas d'élément humain (une main par exemple) pour donner le sentiment que cette histoire se passe, derrière l'écran, dans une espèce d'univers parallèle et magique (référence au
miroir d'Alice ou à l'armoire de CS Lewis).
Le choix des outils était important : pas de gomme (comme en croquis traditionnel !), la loupe (indispensable), le pinceau (outil que j'ai principalement utilisé pour réaliser cette image), le
correcteur (évidemment) avec sa discrète "croix source" et enfin le tampon (ancêtre du correcteur) qui est ici plus vieillot (en bois) et passé en arrière-plan depuis l'arrivé du
correcteur.
Les autres éléments (potence et trombone) sont arrivés presque à la fin, quand j'ai finalement décidé de mettre le vieil ours à plat sur une photo.
La mise en place générale et surtout le dessin grossier de l'ours se sont fait grâce à des calques de formes que j'ai pu rapidement déplacer ou redimensionner pour trouver les bonnes
proportions.
Étape 5 - Les modélisations 3D
À partir de mon brouillon Photoshop (pour l'ours) et des images de référence (pour les objets), je suis allé modéliser tous ces éléments dans Carrara. Pour l'ours, j'avais surtout besoin de la
forme globale, mais les outils nécessitaient une modélisation beaucoup plus précise. Seul le pinceau était déjà modélisé (pour une de mes précédentes illustrations).
Pour les textures, je fais un canal "Couleur" très basique, un canal "Éclat" et un canal "Brillance" en rapport avec la matière de l'objet. Plus, éventuellement, un canal "Transparence" avec
indice de réfraction réaliste (Pour la loupe, par exemple) et/ou un canal "Réflexion" simple (Métal). L'éclat et la brillance sont importants car ils déterminent l'existence (ou non), l'étendue
et la position des points de lumière.
Étape 6 - La construction de la scène 3D
Après avoir modélisé les objets, je les ai tous positionnés dans Carrara. J'ai aussi positionné mes deux sources d'éclairage et j'ai réglé la caméra de façon à ce que la scène ressemble le plus
possible à ma mise en page Photoshop.
Une fois tout calé, j'ai effectué un rendu en assez haute résolution (pour le détail des objets), mais sans effets spéciaux. Le but étant uniquement de récupérer la position des ombres et des
reflets cohérents.
Étape 7 - LA peinture numérique
J'ai ensuite importé le rendu Carrara dans Photoshop pour me servir de modèle et j'ai commencé la peinture numérique proprement dite en répartissant tous les éléments sur des calques
différents.
Pour chaque texture, une forme de pinceau différente. Je n'utilise jamais les "brushs" que l'on peut trouver sur le web. Je préfère les créer moi-même en fonction
de mes besoins.
Chaque élément est sur un calque rempli de la couleur "fondamentale" de l'objet. Sur ce calque, je viens peindre le volume en utilisant des variantes plus claires ou plus foncées de ma couleur
de base. Pour la fourrure, je commence par les côtés et termine par le centre pour garder la logique du recouvrement des poils. L'image importée de Carrara me sert de référence pour ce travail.
À chaque calque est associé un masque de fusion pour délimiter les bords de l'élément. Cela permet de garder une limite propre en cas d'application d'un filtre sur le calque (comme dans le cas
de l'ours "usé").
Étape 8 - Le triste clone
Une fois mon ours neuf terminé, j'ai dupliqué son groupe de calques pour faire un deuxième ours. Nouvel ours que j'ai vieilli calque par calque. En vieillissant mon ours, j'ai eu l'idée de
cette "jambe de bois" en Mécano. Le Mécano "à l'ancienne" renforçait encore le côté "vieux" tout en apportant une touche enfantine "féminine" (la future infirmière qui veut soigner ce pauvre
ours) et "masculine" (le futur ingénieur qui fabrique cette jambe de bois métallique). Bien sûr, on est dans le symbolique ! Moi aussi
je connais des femmes qui font de la mécanique auto et des hommes qui sont aides-soignants
Cet ours n'avait donc pas été maltraité. Il avait vieilli "naturellement" et on avaient pris soin de le recoudre, de lui donner un nouvel œil et une nouvelle jambe.
Étape 9 - La photo
À cette étape, je me suis retrouvé, comme prévu, avec mes deux ours côte à côte et... ça ne collait pas !
Le positionnement gauche-droite ne me semblait pas suffisent pour figurer la temporalité. L'idée de départ s'embrouillait avec l'apparition de ce clone aussi "présent" que son original.
J'ai alors décidé d'aplatir une copie de mon deuxième ours, pour le passer en photo usée, elle aussi. Plus "passée" que "noir et blanc" (le "noir et blanc" aurait
trop "refroidi" l'ensemble).
Du coup, la parodie de la classique "retouche de photo ancienne" se renforçait.
J'y gagnais aussi en lisibilité et cette photo en perspective me fournissait des lignes de conduite idéales pour ramener l'attention sur le sujet principal.
Étape 10 - Les ombres
Les ombres des objets entre eux et le modelé de l'ours et des objets avaient été faits en même temps que la peinture numérique mais il restait à placer les ombres portées sur le sol et sur la
photo, ainsi que les caustiques générées par le verre de la loupe.
Étape 11 - Les finitions
Comme la photo semblait flotter curieusement dans l'espace, sans doute à cause de l'absence volontaire de ligne marquée entre le "sol" et le "mur" du fond (Je voulais rester dans un monde
onirique), j'ai créé ce petit morceau de poterne en bois (qui faisait écho au bois du tampon) et le trombone (dessiné dans Illustrator) pour stabiliser la photo et équilibrer la distribution
des objets dans l'espace.
J'ai également ajouté en texte la version de Photoshop et l'année en prenant garde que ça ne perturbe pas l'illustration. Comme le brief du concours ne précisait rien concernant le texte dans
les images, j'ai un peu hésité à le mettre, mais la perspective des lettres créant une circulation intéressante du regard dans l'image tout en "posant" l'ensemble, je l'ai finalement laissé (ce
qui a peut-être causé la mise de côté de cette image au moment de la délibération du jury... ?).
J'ai enfin terminé par ma signature (sur la photo pour jouer de l'anachronisme) et cet "ex nihilo" discret qui signifie que mon travail a été fait à partir d'une page blanche, pour l'occasion
de ce concours et qu'aucun élément ne provient d'une quelconque photo. C'est aussi un pied de nez numérique face à cette mode qui consiste à mettre systématiquement des mots en anglais dans les
compositions.
Étape 12 - Poster mon image sur le site officiel...
Étape 13 - Faire voter un maximum de monde, puisque ce stupide système de vote du soi-disant public devait servir de présélection au
concours. De ce point de vue, je m'en suis plutôt bien sorti : peu de votants, mais très fidèles jusqu'au bout (merci à eux :)
Étape 14 - Elle n'était plus de mon ressort et seul le jury la connaît !...
(enfin presque )
Placement des objets
Lignes directrices
Poids du fichier final dans Photoshop, avec les calques : 1,02 Go !
MacPro 2 x 2,66 GHz - 4 Go Ram - Tablette graphique Wacom Intuos A5
Photoshop CS3, Illustrator CS3, Carrara 7 pro
© 2010 - Philippe Rabagnac
On peut voir et commenter cette image sur ce blog (bien sûr)...
mais aussi dans la galerie Wisibility, sur le forum de Photoshop School et sur la page Facebook des contestataires du concours
Mes deux autres images présentées au concours :
1991 : "De nouvelles courbes surgissent aux quatre coins du monde. Elles transforment les paysages"
Version refusée (sans raison) | Version acceptée |
2000 : "Toutes les lettres, de A à Z, font leur entrée dans le monde des images"
Le problème, voyez-vous, c'est que les personnages de mes illustrations ont, depuis toujours, une fâcheuse tendance à vivre leur vie dès que j'ai le dos tourné. C'est parfois très embêtant.
Mon ours Teddy n'a pas fait exception.
Malheureusement, il a très vite appris à se servir de Photoshop, et ce voyou (n'ayons pas peur des mots) s'est mis à faire des parodies des images primées !!!
Bon, les images illégitimes, passe encore, mais il s'en est pris aussi à certaines images qui appartiennent vraiment à leur auteur et respectent le règlement.
Il me faut bien reconnaître que certaines de ses parodies frisent le plagiat, mais que voulez-vous que je dise quand on voit que, même dans les concours officiels, les plagiats sont primés...
J'ai bien essayé de le raisonner, mais il s'est amusé comme un petit fou et nn'a rien voulu entendre !
J'ai eu peur qu'il n'aille répandre ses caricatures un peu partout sur le Web, alors, pour tempérer son ardeur et tenter d'éviter le pire, je lui ai promis d'afficher ses impertinences sur mon blog :
1er PRIX | 2e PRIX | 3e PRIX |
4e PRIX | 13e PRIX | 18e PRIX |
Pour les commentaires, c'est ici :)