Pour celles et ceux qui n'auraient pas suivi cette aventure (Ça doit bien exister... ) voici un résumé de l'Affaire.
Le 17 avril 2009, dans l'après-midi, j'apprends qu'un concours était organisé par le site t-Kaap dont le thème était "Dessine-moi un panda".
À la clé, la Créative suite 4 d'Adobe ! Une belle occasion de passer à la version 4 car, cette année-là, impossible pour moi d'investir dans cette coûteuse mise à
jour.
Seul hic, le concours, lancé depuis le début du mois se termine dans 3 jours !!!
Très motivé par le thème et le prix, j'ai bossé comme un fou pendant ces 3 jours (et 3 nuits...) pour tenter ma chance.
Finalement, j'ai pu poster mon illustration numérique presque terminée 10 mn avant la fin du concours (le 20 avril à minuit)... Ouf !
Malheureusement, le premier prix était décerné par votes des internautes et comme, à minuit moins le quart, le système de vote avait été neutralisé
(et que, de toute façon, tout le monde était couché ), mon illustration n'a eu aucun vote et est
arrivée dernière !
Mais j'avais encore toutes mes chances pour le deuxième prix, attribué, lui, par jury.
Mon illustration ayant quand même tapé dans l'œil des organisateurs...
Malheureusement, ce 2e prix a finalement été "attribué" par les participants à une soirée dans un bar parisien après vidéo-projection (pas dans les meilleures conditions) des 56 illustrations en
lice.
je suis resté LE GRAND Perdant de ce concours !
Mais, comme on ne parle en général que des premiers... et des derniers, j'en ai profité pour faire, à la demande des organisateurs du concours, une page
"coulisses" de mon dessin.
Elle a été publiée sur le blog de t-Kaap et reprise aussitôt par d'autres blogs, plutôt bien vus dans le monde de l'infographie (emob et wisibility, entre
autre).
Ça m'a valu, le jour même (vous avez dit zapping ), une explosion du nombre de visiteurs sur mon
site pro...
Philippe Rabagnac – D’une manière générale, quand je crée une illustration, je ne me soucie guère de la composition. Enfin, pas de manière consciente et méthodique. Ça m’évite de rester bloqué par des règles ou des principes à respecter. En revanche, une fois que tout est terminé, je vérifie (pas toujours) que je n’ai pas fait d’erreur flagrante.
La première consiste à afficher l’image avec une symétrie horizontale (ou à la regarder dans un miroir pour une peinture). Ça permet de visualiser son travail avec des yeux neufs. Ensuite, vient tout le reste : principe des diagonales, la position des points d’attention, l’équilibre et la circulation des couleurs, la présence d’éléments qui vont favoriser, contraindre ou bloquer le cheminement du regard dans l’image.
En général, c’est bon du premier coup, mais si un truc cloche, ça me permet de l’identifier plus vite et de le modifier. J’aime bien faire des illustrations qui racontent des histoires et dans lesquelles, on peut se promener en découvrant progressivement des éléments de cette histoire au fur et à mesure de la balade. Des illustrations à lire, pas simplement à regarder.
Dans le cas de mon panda, je ne me suis vraiment pas occupé de la composition. En trois jours, avec tous les éléments 3D à modéliser et les matières à fabriquer, je n’avais pas le temps.
Le vendredi soir, dès que j’ai eu connaissance du concours, j’ai fait un premier croquis au stylo sur un coin de feuille et quelques esquisses de pandas d’après photos, pour savoir exactement comment se répartissaient les taches noires.
Une fois rentré chez moi, j’ai modifié et développé mon idée de boîte-caisse. J’ai fait un deuxième croquis avec déjà une idée précise de la composition finale et de l’axe de la vision.
Le samedi après midi, de retour à mon bureau, j’ai fabriqué en 3D les éléments les plus importants de mon dessin (la table, la caisse, le sol, les deux murs et le trou de la fenêtre) et j’ai calé ma caméra virtuelle pour que tout tienne dans le format imposé.
J’ai disposé 3 sources lumineuses : une chaude, venant du bureau (Le panda est parti en plein travail), une autre chaude, venant du milieu de la pièce pour déboucher les ombres et une lumière froide, plus naturelle, venant de l’extérieur. Plus tard, j’ai ajouté un mini-spot sur le panda-porte-clés pour le rendre un peu plus présent.
Une fois le cadrage déterminé, j’ai attaqué la modélisation de mes objets (Je travaille avec Carrara).
Le critérium, le cadenas, sa clé et le crayon à papier, je les avais déjà faits pour d’autres illustrations, mais tout le reste a été créé pour l’occasion. J’ai lancé régulièrement des calculs de rendu pour vérifier au fur et à mesure de l’avancement, que les éléments prenaient correctement leur place et la lumière. Il faut en particulier être vigilant avec les ombres. Elles doivent donner du volume, du naturel, mais sans créer des zones trop sombres, des formes disgracieuses ou masquer des éléments importants.
En parallèle, pendant que Carrara calculait (ou plantait ! :/ – Sur mon Mac, la dernière version est très instable), je faisais les étiquettes, la pyrogravure et le motif du papier peint dans Illustrator, le dessin des deux pandas dans Painter et tout le reste (carte de Chine, dessin du petit prince de St-Ex à ma sauce, message sur papier quadrillé, texture « bois » pour chaque planche de la caisse et, bien plus tard, l’ombre chinoise des branches et feuilles pour la lumière extérieure) dans Photoshop. Pour les effets de matière et les textures, j’aime bien les créer moi-même ex nihilo. Je n’utilise donc pratiquement jamais de photos.
Quelques exceptions cette fois-ci tout de même. À la dernière minute, par manque de temps, j’ai fait le bout de maison extérieur en perspective à partir d’une de mes photos pour le toit en zinc, et d’une autre pour la fenêtre sur la façade. Le mur et la gouttière ont été dessinés dans Photoshop. J’ai utilisé une autre photo dans cette scène, discrète, juste comme un clin d’œil, c’est le tableau sur le mur que j’ai ajouté pour bloquer ce coin, ne laissant que la fenêtre comme possibilité de sortie… C’est une photo d’un de mes tableaux (aquarelle et crayons de couleur sur carton).
Les textures les plus importantes de la caisse et tous les messages, cartes et feuilles, je les ai intégrées à la scène 3D avant le calcul du rendu, mais les tranches des planches, par exemple, ont été ajoutées in fine dans Photoshop (pour gagner du temps, encore). Idem pour l’élastique du carton à dessin, quand j’ai vu le temps qu’il me faudrait pour arriver à le faire parfaitement en 3D, j’ai abandonné et décidé de le peindre dans Photoshop sur le rendu.
Comme je n’ai plus changé ni l’axe, ni la focale de la caméra, j’ai pu commencer le travail de retouche dans Photoshop (sur des calques) bien avant le rendu définitif.
Quand j’ai envoyé mon image le lundi soir à minuit moins le quart (Malheureusement trop tard pour les votes :/), j’avais déjà passé plus de 40 heures dessus (Samedi après midi, dimanche après midi et lundi toute la journée). Il m’a fallu encore deux jours (Mais pas au même rythme, heureusement ;) pour la finaliser.
Une fois que tout a été terminé, je me suis fait plaisir en dessinant les éléments de composition pour vérifier que je n’avais pas fait d’erreur.
Composition et points d'intérêts | Diagonale et sens positif de lecture |
Zone de circulation | Circulation des couleurs |
En fait, il y en a quand même. J’aurais dû déplacer une dernière fois (j’en ai déplacé beaucoup et souvent dans le fouillis des petits objets) la feuille de papier A4 (mon dessin de base scanné) car un des bords passe exactement à l’intersection du bord et du pied de la table. Un léger décalage aurait été mieux. Mais bon, je n’y touche plus. C’est bien aussi de laisser quelques imperfections ;)
La caisse également aurait mérité d’être un tout petit peu plus à gauche, mais avec ce format, c’était difficile sans la réduire encore. Enfin, le message dans le cartouche aurait gagné à être encore un peu plus incliné.
La caisse : Elle est simple, rustique, faite en bois (Comme si elle venait vraiment de Chine). Les étiquettes et marques diverses font penser aux malles des grands voyageurs du XIXe siècle.
L’oreiller : Je ne voulais pas qu’on pense que le panda était parti parce qu’il était maltraité ou mal installé. D’où cet oreiller qui apporte une touche de confort, même si la paille du fond reste de la paille. Je ne voulais pas non plus tomber dans le « Bizounours ». Tout a été fait pour plaire au panda (même le papier peint !).
Le bazar sur le bureau (et au sol !) : Les élastiques, les crayons, les feuilles, la souris (présence discrète du numérique), le fouillis… pas de doute, c’est un bureau d’infographiste.
La prise de courant : Elle laisse penser qu’un ordinateur n’est pas loin.
Le carton à dessin et le tableau : Juste un petit clin d’œil à mon travail « traditionnel ».
Les tickets de métro : Pour ajouter encore une touche urbaine.
La fenêtre : Elle donne sur un mur (ville) mais la nature n’est pas très loin. Elle est ouverte, laisse entrer la lumière et l’air du monde extérieur qui agite le rideau. Une invitation à laisser tomber le confort (Rideaux) pour courir le monde. Cette invitation « passe » par une fenêtre, pas par une porte ! Ce besoin de quitter le confort, reste atypique (Comme de sortir par la fenêtre, plutôt que par la porte, « comme tout le monde » ;).
La carte : Au milieu de la Chine, en rouge, les zones d’habitat naturel du grand panda. Au milieu de cette zone, la carte est usée, comme les plans de métro au niveau de la station où il se trouve parce que tout le monde y a mis le doigt. Ça renforce cette idée du « mal du pays ». Comme le dessin d’une mère panda et de son petit (sa famille sans doute).
L’illustration du Petit Prince : Réinterprétée, c’est, bien sûr, un hommage à Antoine de Saint-Exupéry et son « Dessine-moi un mouton ».
Au passage, j'ai présenté cette image lors d'un autre concours tKaap, en partenariat avec La Succession "Antoine de St-Exupéry". Cette fois, j'ai eu un prix (4e)
L’inscription Little Big Panda : C’est d’abord pour justifier le fait que la caisse est bien trop petite pour y loger un vrai grand panda (!) et puis j’aimais bien cette allusion au film d’Arthur Penn « Little Big Man » (qui n’est pas sans lien avec l’Asie d’ailleurs), dans lequel le « héros » (interprété par Dustin Hoffman) passe sans cesse du monde dit « sauvage » au monde dit « civilisé ».
Les feuilles de bambou : Aliment de base du grand panda. Je voulais en mettre plus, mais je n’ai pas eu le temps (C’est plutôt long à faire en 3D). Et puis, on peut toujours imaginer que le panda a emporté le reste pour la route ! ;)
Le panda porte-clés :
J’avais décidé dès le début de faire un panda en 3D pour ne pas me dédouaner complètement du sujet. Un panda figurine,
c’est plus rapide à faire qu’un panda réaliste. Le fait qu’il soit attaché à la clé du cadenas n’est pas anodin. C’est finalement le panda qui a la clé de cette illustration : le retour à la
nature et l’invitation au voyage.
Du côté des détails, il y a encore les traces de pas du panda et quelques poils blancs ou noirs par-ci, par-là…
Pour les images des coulisses, j’ai également modélisé le clap et le fauteuil de réalisateur… Tant qu’on y est ! (Ça pourra toujours resservir un jour... ;)
L'autostéréogramme (vision 3D sans lunettes) du décor.
(vision croisée - cross eyes)
Pour savoir comment ça fonctionne et vous entraîner,
visitez la section "autostéréogramme" de mon site pro
Le retour du panda
ou "Panda - le Retour !"
Comme annoncé dans un de mes articles, Dada le panda a refait parler de lui !!
Non contant de s'être fait la belle, il s'est maintenant mis en tête de libérer ses congénères de tout poil.
On peut d'ailleurs voir un de ses exploits dans le très sérieux magazine 3DMag (Hors Série n°1 - 2010)
Pour les commentaires, c'est ICI